Histoire de l’église Saint-Pierre
La présence Chrétienne, dans les Stoéchades, îles d’Hyères, remonte au Vème Siècle. En effet on trouve trace d’une communauté monastique sur l’île de Porquerolles. Puis, pendant cinq siècles d’occupation sarrasine, le christianisme semble avoir déserté les îles pour renaître au XIème siècle avec l’implantation à Port Ribaud (actuellement « la Tour Fondue ») d’une église présidée par une dizaine de moines chargés d’y célébrer le culte.
Dès lors, sur la presqu’île de Giens, la chrétienté s’implante durablement, entretenue par les différentes familles qui s’y succédèrent : les Glandeves puis les Ponteves jusqu’en 1832.
Mais ce n’est que 16 août 1854 que sur une proposition de l’Evêque de Fréjus, Mgr Casimir Alexis Wicart et Monsieur le préfet du Var, entérinée par Louis Napoléon Bonaparte que Giens devint une paroisse de plein exercice, consacrée à Saint Pierre, patron des pécheurs. Dès le 25 Septembre de la même année, l’abbé Louis Félix Adolphe Isnard, pharmacien devenu veuf, fut intronisé curé de la paroisse, au grand soulagement des arbannais qui n’eurent plus à se déplacer jusqu’à Costebelle pour se marier ou être baptisés.
Dès lors, sur la presqu’île, de nombreux prêtres se succédèrent jusqu’au comte Louis Auguste David de Beauregard qui, pendant vingt ans, dut célébrer dans une misérable chapelle donnant sur la seule rue du village, aujourd’hui « rue Vieille ». Cela dura jusqu’au jour où un jeune paroissien fut emporté, pendant l’office, avec une partie du plancher qui venait de s’écrouler.
C’est donc en 1833 que le comte Louis Auguste David de Beauregard entreprit, sur un terrain paroissial, la construction de l’église Saint Pierre qu’il finança en partie de ses propres deniers. Bon an mal an, elle se maintint en l’état. Mais au printemps 1987, le Père Lebreton la trouva en piteuse condition. Une association qu’il créa en 1988 avait pour mission de la restaurer.
Elle le fit avec célérité, compétence et enthousiasme, mobilisant l’ensemble de la population arbanaise où se côtoyèrent croyants et non croyants, dans une formidable aventure humaine. Mais la restauration dura tout de même dix ans. De kermesses en brocantes, de dons, en coup de mains bénévoles, avec la compréhension d’entrepreneurs acquis à la cause, l’église fut sécurisée : charpentes, couverture, murs extérieurs et intérieurs ragréés. Les vitraux mutilés par les bombardements furent rétablis.
Cette restauration s’acheva avec la décoration intérieure réalisée par Philippe Métaireau, Hyérois de souche, en 1997. Elle remplaça l’ancienne, il faut le dire surchargée et quelque peu lugubre en noir et blanc. Aujourd’hui, on entre dans une église tout en polychromie d’ocre et de sienne, des couleurs chaudes qui invitent à une prière intime avec un Seigneur rédempteur et une Madone réconfortante. Les paysages marins peints dans les chapelles latérales, rappellent que nous sommes chez Pierre, Saint Patron des pêcheurs, que nous sommes sur la presqu’île de Giens avec la représentation de l’isthme de l’Almanarre et une grande vue de la pointe des Mèdes.
Cette église restaurée fut inaugurée le 13 avril 1998 et consacrée, par Monseigneur Dominique Rey, le 9 septembre 2001.
Aujourd’hui nombreux sont les visiteurs qui s’attardent dans l’église pour y goûter un moment de paix ; nombreux aussi sont ceux qui reviennent pour y célébrer mariage ou baptême. Ce rayonnement est probablement dû à la quiétude qu’inspire le décor. Mais il est plus encore l’écho de la fraternité et de la foi qui anima, durant dix longues années, les artisans de cette rénovation.
Histoire de la chapelle du Coeur Immaculé de Marie
Il y a bien longtemps, au milieu du 19ème siècle, en 1848 plus exactement, s’ébauchait une histoire qui allait durer environ un siècle et demi.
Le canal que nous franchissons en entrant dans le village coule depuis des milliers d’années ; il est une voie d’évacuation d’une immense lagune sur laquelle furent installés les « salins et pêcheries des Pesquiers ». Lentement, les alluvions déposées par les sept rivières se fixèrent sur un socle rocheux situé à environ trente mètres sous la surface et, aidées par les vents, formèrent un double tombolo.
Les premiers habitants s’établirent sur le bord du « Gras » d’où ils tiraient l’essentiel de leur nourriture et commencèrent à y travailler le métal. Plus tard, les Grecs, toujours prêts à marquer leur passage, installèrent un temple dédié à « Aristée », le dieu qui élevait les abeilles.
Après le creusement des tables de sel et l’assèchement des marais putrides qui permit d’éradiquer le paludisme, le combat contre les éléments commença ; la nature était bien décidée à reprendre aux hommes le territoire perdu.
La compagnie des Salins se développa et des bâtiments furent construits pour héberger la direction, les douanes et le personnel. Après que la douane fut installée pour contrôler la production de sel fut érigée l’église des Pesquiers qui a accueilli la vie religieuse des travailleurs des Salins.
Cette œuvre unique modifia profondément le paysage. Une école fut créée dans la propriété des Pesquiers ; elle fut entièrement financée par la compagnie. Puis, le village prit de l’importance ; les humbles cabanes sans clôture qui accueillirent leurs occupants en saison se transformèrent en bâtisses ; le garde champêtre disparu et la civilisation moderne emporta tout. En 1995, en raison de la concurrence trop forte et de l’entretien trop coûteux, la production de sel dans les Salins cesse définitivement.
Pour le moment, seule la chapelle reste le témoin vivant de cette belle page d’histoire ; la messe y est célébrée tous les dimanches à 9h.
La presqu’île de Giens
La vie de la paroisse de Giens – La Capte est intimement liée à la vie de la presqu’île. Ce lien particulier, ancré dans l’Histoire, est cher à tous les arbanais.
Si la presqu’île de Giens m’était contée…
Île ou partie d’un continent, selon les aléas climatiques, la presqu’île de Giens, avec son double Tombolo qui constitue une curiosité géologique, n’existe que depuis l’An Mille environ. Mais la présence humaine dans la région est attestée bien avant cette date comme en témoigne la découverte fortuite dans les fonds sableux de l’Almanarre, d’un vase néolithique datant d’environ quatre mille ans avant notre ère. D’autres traces d’implantations préhistoriques ont été retrouvées au Sud, à la pointe des Terres rouges, et au Nord, face à l’île de la Redonne, près du port de la Madrague.
Plus près de nous, au VI° siècle av. J.-C., les Grecs, à l’étroit dans leurs cités, ont essaimé autour de la Méditerranée, « comme des grenouilles au bord d’un lac » (aux dires de Platon) fondant de multiples comptoirs le long de la côte, dont Olbia, comptoir mineur certes, à l’emplacement de l’actuel Almanarre. Ce site, à l’entrée d’un long couloir que dessinent les îles d’Hyères, avec son anse abritée des vents du large, servait surtout de refuge en cas d’attaque des Liguriens. De cette occupation, outre le site d’Olbia, il reste des vestiges d’habitats hellénistiques, des épaves trouvées au large de la Tour Fondue et le sanctuaire d’Aristée, sur les terres de la Badine. Il fut découvert par un enfant de sept ans qui jouait dans le secteur, Olivier Meyer, devenu depuis archéologue. Aristée était un Dieu mineur fils d’Apollon et de la nymphe Cyrène, malheureux gardien des abeilles, associé à l’activité pastorale et à l’agriculture. Est-ce à lui que l’on doit l’apiculture introduite sur la presqu’île, ainsi que l’implantation de la vigne et de l’olivier ? Les Romains investirent Olbia, construisant à l’intérieur des anciennes fortifications grecques. De là , ils implantèrent dans les terres alentour des « villas » agricoles, comme en témoignent, près de la Tour Fondue, des morceaux de poterie et dans la rade de Giens l’épave d’un voilier du premier siècle av. J.-C., chargé de 7000 amphores contenant chacune 26 litres de vin. Puis pour des raisons mystérieuses, Olbia est abandonnée.
Commence alors une histoire chaotique où s’entremêlent installation d’ermites, de religieuses bénédictines et cisterciennes, et invasions sarrasines. Les Sarrazins qui ont pillé et saccagé la Provence occidentale sont chassés en 972. Les Seigneurs de Fos prennent alors possession de la presqu’île. En 1284, Charles II, comte de Provence, céda à son médecin Raymond Ortolan les terres de Giens. La presqu’île fut alors administrée par les familles Pontévès, Glandevez, Glandevez-Giens, jusqu’au dernier des Pontévès-Elzéard, qui mourut sans descendance. La presqu’île fut encadastrée et vendue. En 1839, elle est acquise par monsieur Sieverking, syndic de la ville de Hambourg et revendue, par sa veuve à un riche prêtre, le curé de Beauregard, qui construisit l’église actuelle, en partie avec ses propres deniers et fit de Giens une paroisse à part entière, alors que Giens dépendait jusque là de Costebelle. Le curé de Beauregard donna une partie de ses terres aux journaliers qui travaillaient pour lui et vendit le reste à un banquier de Cannes, monsieur Le Goff, qui les donna à son régisseur, monsieur Remonencq, dont une rue de Giens porte le nom. De 1940 au 12 Novembre1943 où elle fut évacuée, la presqu’île connut les tribulations de la guerre et celles de sa Libération (1944).
Puis peu à peu, elle s’installe dans la modernité. Les résidences secondaires phagocytent l’habitat traditionnel — maisons basses aux toits couverts de tuiles romaines et construites avec des pierres extraites de la mer — et grignotent les zones sauvages et cultivées. Elle élimine lentement mais sûrement la culture provençale traditionnelle dont les manifestations folkloriques ne sont plus que réminiscences nostalgiques, mais encore prisées des touristes. Cette contrée baignée de soleil et de mer en séduisit d’illustres, qui laissèrent leurs traces. Toute une lignée de poètes et de romanciers, et non des moindres ont fortifié dans la presqu’île leur élan créateur. Citons : Jules Michelet, Frédéric Mistral, Paul Bourget, Joseph Conrad avec « Frère-de-la-côte », sans oublier Saint-John Perse, qui vécut dans la maison des Vigneaux de 1957 jusqu’à sa mort en 1975 et qui est enterré dans le cimetière de Giens.
Des industriels ont aussi apprécié la presqu’île : ainsi Louis Renault qui fit construire pour ses employés le lotissement qui porte son nom, près du port du Niel, et Panhard dont l’un des six administrateurs, le chevalier de Kniff acquiert une maison près de la Madrague. Une avenue qui conduit jusqu’à la Madrague porte son nom. On ne peut terminer sans citer monsieur Sabran, directeur des « hospices civils de Lyon » qui réussit à soigner des enfants tuberculeux dans la presqu’île. Construit au bord de mer, au milieu de six hectares de pins, inauguré en 1892 l’hôpital Renée Sabran porte le nom de sa fille.
Et si la presqu’île se contait, elle raconterait plus encore : par exemple pourquoi ses habitants se nomment « arbanais », dont l’origine est controversée ; ou encore ses démêlés parfois houleux avec le continent — Hyères en l’occurrence ; et, à l’abri de ses sentiers ombreux et bavards, la crainte que son âme ne s’égare sous des amas de béton et le consumérisme aussi bruyant qu’insignifiant de la modernité.
L’hôpital Renée Sabran
Implanté sur le territoire de la paroisse de Giens – La Capte , l’hôpital Renée Sabran accueille chaque semaine notre aumônerie et nos bénévoles.
Histoire de l’hôpital
L’hôpital Renée Sabran a été construit à la fin du XIXe siècle. Après le décès de sa fille unique, Renée, Hermann Sabran, membre du conseil d’administration des HCL fait don d’un terrain acquis sur la commune d’Hyères (Var), en bord de mer. La vocation initiale de l’établissement portait alors sur l’accueil des enfants de la région lyonnaise, atteints de tuberculose et de rachitisme. À une époque où le monde médical découvre les bienfaits des traitements en milieu marin, le site exceptionnel de la presqu’île de Giens apporte les vertus thérapeutiques du bon air, des bains et d’un ensoleillement très important. La tuberculose a ensuite été traitée par antibiothérapie.
Actuellement, quatre services cliniques fortement spécialisés sont répartis dans plusieurs bâtiments, avec vue sur mer :
- Chirurgie orthopédique programmée du membre inférieur.
- Médecine physique de réadaptation en neurologie et locomoteur.
- Prise en charge de la mucoviscidose et réadaptation respiratoire.
- Médecine, soins de suite et réadaptation gériatriques.
L’établissement dispose d’un plateau médicotechnique récent et adapté à son activité avec bloc opératoire, endoscopie, stérilisation, imagerie et antenne de laboratoire. Chaque service a accès à un plateau technique de rééducation disposant des équipements les plus modernes et d’une balnéothérapie (piscine et mer en été).
L’hôpital Renée Sabran se trouve aussi au cœur d’un parc arboré ravissant de 30 hectares, propice aux activités de plein air tout au long de l’année.