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Homélie, sermon, prédication

Homélie, sermon, prédication… De quoi s’agit-il ?
Plusieurs appellations désignent, au cours de la messe ou du culte, le commentaire du texte biblique. Quelles sont les significations de ces différents mots ?
Gilles Donada, le 17/02/2023 à 06:00 Modifié le 17/02/2023 à 07:00 in « La Croix »

Qu’est-ce que l’homélie ?

Le mot homélie vient du grec homilia qui signifiait « assemblée, commerce habituel » puis « conversation, entretien familier, leçon d’un maître ». Il s’agit de l’allocution que prononce le célébrant durant la messe, les laudes ou les vêpres, après la proclamation de l’Évangile. L’homélie actualise le texte biblique et prépare les fidèles à entrer dans la célébration de l’eucharistie. Elle est réservée à un ministre ordonné (diacre, prêtre ou évêque). Elle est obligatoire lors de la messe du dimanche, et recommandée en semaine.

L’homélie s’inspire, d’une part, de la rhétorique grecque et latine et, d’autre part, de la tradition juive du commentaire et de l’interprétation biblique (Midrashim), retrace le théologien Arnaud Join-Lambert (1). Dans le Nouveau Testament, on voit Jésus, puis Paul, prendre la parole à la synagogue pour prononcer l’homélie, qui intervient après la lecture de la ­Torah et des prophètes.

Tout membre de la communauté pouvait ainsi donner une homélie et apporter « une parole de consolation » (Ac 13, 15). Origène (185-253) est considéré comme « le père de l’homélie chrétienne ». D’autres grands prédicateurs ont marqué les débuts de l’Église : en Orient, Jean Chrysostome (vers 354-407), Maxime le Confesseur (580-662) ; en Occident, Ambroise (339-397), Augustin (354-430), Césaire d’Arles (470-543), Léon le Grand (vers 390/400-461).

Le concile Vatican II (1962-1965) va revaloriser la pratique de l’homélie qui s’appuie sur la Bible et la liturgie. L’obligation de faire une homélie est instaurée dès 1964. Pour distinguer sa dignité et son lien direct avec les Écritures, elle est prononcée depuis l’ambon.

Cette prise de parole peut être étendue à des laïcs « dans une église ou un oratoire, si le besoin le requiert en certaines circonstances ou si l’utilité le suggère dans des cas particuliers », dit le droit canon (n. 766). Ce qui est, entre autres, le cas d’agents pastoraux ou de catéchistes en Afrique ou en Amérique latine.

En quoi le prêche diffère-t-il de l’homélie ?

Le prêche vient du verbe praedicare, qui, en latin classique, veut dire « proclamer, publier ; vanter » et « annoncer ; dire », puis, sous l’influence chrétienne, « enseigner une doctrine, annoncer l’Évangile ». Le mot prêche a le sens de « discours » et de « sermon », puis, au XVIe siècle, au moment de la Réforme, il désigne le « lieu où s’assemblent les protestants », puis le « sermon d’un ministre protestant ».

« Aller au prêche devient la marque de l’exercice du culte. La structure liturgique toute entière est centrée sur la prédication », soulignent l’historien Yves Krumenacker et l’enseignant-chercheur Julien Léonard, spécialiste de l’histoire de la Réforme (2). L’expression « prêchi-prêcha », inventée au XVIIe siècle par les satiristes, tourne en ridicule les discours affectés. Elle désigne un discours moralisateur, un radotage, un bla-bla…

Qu’elle est la spécificité de la prédication ?

Le mot vient lui aussi du latin praedicare. Au Moyen Âge, il existe deux types de prédication, indique Arnaud Join-Lambert. La première est savante et suit strictement les règles de la rhétorique. Elle est un commentaire sur un thème tiré de la Bible, mais le lien aux Écritures disparaît au XIIIe siècle et seul demeure le développement du thème. Cette forme de prédication, prônée par la philosophie médiévale appelée scolastique, s’impose dans les séminaires. Elle s’inspire également de la littérature, de la mythologie ou de la philosophie.

L’autre forme de prédication est populaire et s’attache à la dimension religieuse et morale de la vie des fidèles. Les exemples sont tirés de la vie quotidienne. On s’appuie sur des légendes ou des extraits de vies de saints, mais très peu sur la Bible. Le concile de Trente (1542-1545) recadre la prédication. Son décret sur la messe dispose que les prêtres doivent « donner quelques explications fréquemment (…) à partir des textes lus à la messe (…) et d’éclairer le mystère de ce sacrifice, surtout les dimanches et les jours de fête ». Traditionnellement, la prédication dépasse le cadre de la célébration liturgique et peut être menée en tous lieux et toutes circonstances. Elle n’est pas réservée aux clercs.

Qu’en est-il du sermon ?

Sermon vient du latin sermo, qui signifie « paroles échangées, entretien, propos ; langage familier » et aussi « manière de s’exprimer, style ». Il est l’équivalent du mot homélie, mais son contenu est davantage centré sur la morale et la doctrine chrétienne (d’où l’expression « sermonner quelqu’un », c’est-à-dire encourager ou critiquer telle conduite).

Dans l’Évangile de Matthieu, Jésus débute son enseignement par un grand discours appelé « le Sermon sur la montagne ». Dans ce propos plein de nouveauté, Jésus expose sa morale à partir des Béatitudes. Fin XIXe, début XXe siècle, « les quelques études menées sur cette époque montrent que bon nombre de curés ne prêchaient pas chaque dimanche et même très rarement, le contenu étant souvent simple et moralisateur, rappelle Arnaud Join-Lambert. Le sermon était comme une parenthèse au cours de la célébration, ce qui était encore accentué par d’autres gestes (le prêtre enlevait sa chasuble, on éteignait les cierges…) ». Le mot sermon est moins usité dans l’Église depuis le concile ­Vatican II, qui a privilégié le retour à l’homélie, plus ancrée dans les Écritures.

Le mot « prône » est-il encore utilisé ?

Le mot prône, qui vient du grec signifiant « couloir allant de la porte d’entrée à la porte intérieure », désigne la grille qui sépare la nef du chœur dans une église. Dans le contexte chrétien, sa définition est : « Instruction, accompagnée d’avis, qu’un prêtre fait aux fidèles à la messe paroissiale du dimanche. » Ce mot est toutefois tombé en désuétude.

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