Le temps ordinaire, parfois appelé temps de l’Église, est un temps liturgique représentant une fraction de l’année liturgique catholique. Il s’agit de la période obtenue en retranchant les temps forts que sont l’Avent et le temps de Noël d’une part, le Carême et le temps de Pâques d’autre part. (Wikipédia)
Le calendrier liturgique s’est élaboré progressivement au fil des siècles. Son dernier remaniement date de 1969, dans le prolongement de la réforme liturgique décidée au concile Vatican II.
Dans ce calendrier, le temps dit ordinaire désigne les périodes autres que les deux temps forts célébrés par l’Église : d’une part, l’Avent et le temps de Noël ; d’autre part, le Carême, la fête de Pâques et le temps pascal jusqu’à la Pentecôte.
Le «temps ordinaire» n’a d’ordinaire que le nom. En dehors de Noël et du temps pascal, c’est l’ensemble du temps liturgique qui permet aux fidèles de vivre sur une année complète tout le mystère du salut accompli par Jésus-Christ. Le temps ordinaire (tempus per annum,en latin, ou le temps le long de l’année) comprend donc les 33 ou 34 semaines couvrant le reste de l’année : la première période va du lundi suivant la fête du Baptême de Jésus (célébré le dimanche après l’Épiphanie) au mercredi des Cendres (non compris) ; la seconde période s’étend de la Pentecôte au premier dimanche de l’Avent (non compris), qui ouvre la nouvelle année liturgique. Ainsi, le 25 septembre 2011 est le 26e dimanche du temps ordinaire. Petite curiosité : les semaines du temps ordinaire sont toujours numérotées de 1 à 34, même si l’on ne compte que 33 semaines cette année-là ; on saute dans ce cas une unité entre les deux périodes.
À quoi sert ce temps?
Dès les origines, l’Église a voulu que les fidèles revivent sur une année entière les événements de l’histoire du salut accomplis par Jésus-Christ. Pendant le temps ordinaire, lorsqu’on ne commémore pas un fait précis de la vie du Christ, de la Vierge Marie ou d’un saint, c’est le dimanche lui-même, «Pâque hebdomadaire», qui est valorisé comme «jour de fête primordial qu’il faut proposer et inculquer à la piété des fidèles». Le temps ordinaire donne aussi aux fidèles l’occasion de progresser dans leur connaissance et leur compréhension des grands textes bibliques. Pendant les dimanches «ordinaires», en effet, à l’inverse des temps forts de l’année où les lectures sont choisies de façon thématique, on fait une lecture continue des textes (Épîtres et Évangile) de l’année en cours, selon un parcours conçu sur trois années A, B et C (on est actuellement dans l’année A, consacrée à l’Évangile de saint Matthieu). En semaine, on lit les quatre Évangiles en une année et des passages importants d’autres livres de la Bible en deux ans.
Comment fonctionne-t-il?
L’année liturgique comprend en fait deux cycles qui se superposent. Le temps ordinaire s’insère dans le cycle liturgique de base, dit «temporal». Axé sur les événements de la vie du Christ, ce cycle a prééminence sur le cycle «sanctoral», consacré aux fêtes des principaux saints. La mobilité de la fête de Pâques et du temps liturgique qui en dépend, le fait que d’autres fêtes à date fixe tombent parfois le dimanche ont conduit à fixer des règles précises qui permettent de combiner ces deux cycles. Au fil des siècles, on avait ajouté dans l’année de très nombreuses fêtes de saints qui finissaient par éclipser la célébration du mystère pascal lui-même. Pour éviter cette dérive, Vatican II a largement revalorisé la célébration du dimanche, et a par ailleurs réduit le nombre des saints devant être fêtés par l’Église universelle, en confiant à chaque Église locale, nation ou ordre religieux la liberté de fêter les autres.
Aujourd’hui, pendant le temps ordinaire, les dimanches sont toujours célébrés, sauf s’ils coïncident avec une grande fête dite «solennité» du Seigneur, de la Vierge ou des saints (leur nombre est limité à onze dans l’année). En semaine, on célèbre toujours les fêtes et les mémoires «obligatoires» des saints ; les autres jours de la semaine, on a le choix entre les messes du temps ordinaire, les mémoires «facultatives» et les messes consacrées à des dévotions diverses (dites «votives»).
Les protestants, les orthodoxes ont-ils un temps ordinaire?
Chez les protestants, l’année liturgique est rythmée d’une façon proche de celle des catholiques, hors les fêtes de la Vierge Marie et des saints. Comme les autres temps de l’année, le temps ordinaire a des «spontanés» spécifiques ; ce sont les courts chants ou «répons» que l’assemblée reprend avec l’orgue et qui ponctuent les différentes parties du culte. Les lectures bibliques des dimanches sont désormais communes aux protestants et aux catholiques, avec toutefois une certaine liberté laissée au pasteur protestant pour choisir les textes sur lesquels il fera sa prédication. Quant aux couleurs liturgiques, l’Église luthérienne et quelques Églises réformées utilisent les mêmes que les catholiques, en plaçant par exemple une bande de tissu de couleur sur la Bible ouverte. Mais cette pratique n’est pas majoritaire dans le monde réformé.
Pour les orthodoxes, «le temps de l’Église n’est jamais ordinaire !»,affirme avec conviction l’archiprêtre Serge Sollogoub. «On ne vit pas le temps d’une manière banale,confirme le théologien Michel Evdokimov, il y a toujours quelque chose à dire, on est toujours en chemin vers une fête du Christ, de la Vierge Marie, d’un saint…»
Le monde orthodoxe compte en effet de très nombreuses fêtes de saints, quatre temps de Carême : le Carême de Noël, le Grand Carême de Pâques, le Carême précédant la fête de saint Pierre et saint Paul et le Carême de la Dormition (Assomption). La notion de temps ordinaire est donc peu employée. Dans la liturgie orthodoxe, deux cycles se chevauchent : le premier, qui comprend notamment les fêtes fixes, s’ouvre le 1er septembre sur la fête de l’«Indiction» ou Nouvel An ecclésiastique (le patriarche Bartholomée Ier de Constantinople en a fait une fête de la protection de l’environnement). Le second cycle commence après le dimanche de Pentecôte, il ouvre le temps eschatologique, le temps du Royaume.
On compte les semaines à partir du dimanche de Pentecôte. Les couleurs des vêtements et ornements liturgiques sont plus variées que chez les catholiques. Leur emploi est relativement codifié dans les Églises dépendant du Patriarcat de Moscou. En revanche, dans le reste du monde orthodoxe, deux directives seulement prévalent : utiliser des couleurs sombres pendant le grand Carême pascal et des vêtements lumineux le jour de Pâques.
Temps ordinaire et conversion
On pourrait penser que l’année liturgique est un cycle fermé qui se répète d’année en année. Il n’en est rien parce que, si elle se répète, ce n’est jamais de façon identique. Mémorial qui célèbre, au cours des trois années, les merveilles du salut accompli par Dieu en Jésus Christ, l’année liturgique ne regarde pas seulement vers le passé. Elle est orientée vers un terme : la venue du Seigneur dans la Gloire, à la fin des temps. Toute la vie chrétienne est orientée vers le retour du Christ et ce désir de la rencontre du Christ et du face à face avec Dieu demande au chrétien un enrichissement progressif de sa foi, de son lien avec Dieu, c’est-à-dire une conversion permanente. Le temps ordinaire offre cette possibilité et invite, dans la fidélité à l’Évangile, à mourir à tout ce qui entrave la liberté que le Christ a inauguré au matin de Pâques. Même célébré plus globalement dans le temps ordinaire, le mystère du Christ est un appel permanent à la conversion et à l’accueil de la grâce qui, seule, peut nous convertir. (Conférence des Évêques de France)
Pour Innocent III, trois couleurs avaient une signification ; aussi le vert n’était-il qu’une couleur intermédiaire sans signification spéciale. Durand de Mende va en revanche, associer le vert au Cantique des cantiques (4, 14) :
» Il reste donc à parler de l’usage des vêtements verts dans les jours non fériés et communs, parce que la couleur verte tient le milieu entre le blanc, le noir et le rouge, et on s’en sert particulièrement dans l’octave de l’Épiphanie, dans la Septuagésime, et pendant la Pentecôte et l’Avent, quand on célèbre l’office du dimanche. Nous trouvons cette couleur nommée dans l’endroit où il est dit : ‘Le troène avec le nard, le nard et le safran. »
L’explication peine à rendre compte de l’usage du vert !
Aujourd’hui, les interprétations sont diverses, ainsi : « cette couleur est comme l’attente confiante des réalités dernières », « la croissance du Royaume de Dieu », « la couleur la plus courante dans la nature »… d’où son usage en Temps ordinaire.
Michel Pastoureau dans son livre sur le Vert : histoire d’une couleur, « souligne combien cette couleur qui a longtemps été difficile à fabriquer, et plus encore à fixer, n’est pas seulement celle de la végétation, mais aussi et surtout celle du Destin. Chimiquement instable, le vert a symboliquement été associé à tout ce qui était instable : l’enfance, l’amour, la chance, le jeu, le hasard, l’argent. Ce n’est qu’à l’époque romantique qu’il est définitivement devenu la couleur de la nature, puis celle de la santé, de l’hygiène et enfin de l’écologie. Aujourd’hui, l’Occident lui confie l’impossible mission de sauver la planète. »